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Disek, le graffeur voyageur

Après avoir arpenté le monde pendant deux ans, DISEK pose ses valises à la Réunion. Originaire de Paris, le graffiti est devenu pour lui un échappatoire. Il parcourt les rues de l’île pendant huit mois à la recherche de murs où ces couleurs gravitent entre explosion graphique et méli-mélo de lettres.


– Qui es-tu ? Blaze, depuis quand graffes-tu, d’où viens-tu ? Disek, j’ai grandi en banlieue parisienne et j’ai commencé à taguer en 1997


– Pourquoi le graffiti ? Quand j’ai commencé j’étais paumé, j’avais l’impression d’errer dans la société sans y trouver ma place. En éclatant les rues j’avais l’impression de balancer ma rage sur les murs, de crier « je suis là » à un système qui me snobait. Quand tu vis dans une grande ville c’est vraiment impersonnel, t’es juste un anonyme dans la masse… le graffiti c’est un peu un moyen de pas te laisser bouffer par tout ça, une manière de te sentir exister dans un endroit où tout le monde n’est personne. Aujourd’hui les raisons qui me poussent à sortir peindre ont changées, mais ça reste un échappatoire.


– En crew ou seul ? et pourquoi ? A part avec quelques personnes avec qui j’ai mes habitudes, dans la rue je préfère peindre seul. J’ai eu plusieurs crews par le passé, mais aujourd’hui je me suis affranchi de tout ça. J’ai pas besoin d’un truc formel pour savoir qui sont mes amis.


– Depuis quand es-tu à la Réunion ? Et pourquoi ? Ça va faire huit mois que je suis à la Réunion. Je cherchais un endroit ou me poser après presque deux ans à parcourir le monde. J’avais rencontré pas mal de gens qui m’avaient fait l’éloge de l’ile… le vivre ensemble ça me parlait… Je me suis dit ça vaut le coup d’aller voir.


– Le graffiti à la Réunion c’est comment ? Ahah… le graffiti à la Réunion c’est plutôt détendu : jusque-là tous les graffeurs que j’ai rencontré sont bonne ambiance et peindre dans la rue reste quand même assez facile… Il y a vraiment un bon accueil et les gens sont assez ouverts, même quand tu ne fais que des lettres. Évidement il y a toujours des exceptions, comme ce jour où une fan de street-art zélée et une ancienne galeriste, nous ont « poukave » et envoyé la police.. Ce qui est marrant, c’est de voir que les gens qui n’ont rien à voir avec le mouvement t’encouragent, et que ceux qui gravitent autour, essaient de te mettre des bâtons dans les roues.




– Vandale ou pas ? Pourquoi ? Perso, l’ile est magnifique et les gens qui y habitent sont plutôt cools, du coup je me vois pas saccager la rue… je trouve que le lieu ne s’y prête pas. On est assez loin des grandes tours de béton et de l’ambiance de merde qui te donnent envie de tout défoncer. Maintenant faire un mur à l’arrache ça reste la partie la plus marrante du truc… mais pour être franc, si tu fais de la couleur, t’as beau taper la rue en pleine journée, à moins de tomber sur un proprio « véner », le risque reste très limité.. t’es pas en train de braquer une banque, c’est juste un peu de peinture sur un mur…


– Ton ressenti sur l’évolution du graffiti en général ? Le graffiti a beaucoup changé. Le street-art est arrivé et a tout démocratisé. Avant on se faisait insulter dans la rue, maintenant les gens viennent te remercier pour la couleur. C’est aussi beaucoup moins caillera qu’avant, c’est devenu un truc à la mode et ça attire un peu tout et n’importe quoi… pas mal de gens qui n’ont jamais touché une bombe de leur vie mais qui veulent t’apprendre ce qu’est le graffiti.. bref la peinture j’préfère en faire qu’en parler.




Crédit photo : © Disek

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